Il y a 2 jours
Cette interview a été réalisée par BLAST.tv. La version originale de l’interview est disponible ici.
Début 2025, Spirit faisait figure de grand favori pour dominer la première moitié de saison. Mais avec la montée en puissance de Vitality, les choses ne se sont pas passées comme prévu.
Malgré les succès de Vitality, Spirit a tout de même remporté deux titres, et sa victoire récente au PGL Astana a envoyé un message fort avant le Major BLAST.tv d’Austin. À l’approche de son entrée en lice au Major lors du Stage 3, BLAST s’est entretenu avec donk pour savoir s’il existe un écart entre Spirit et les autres top teams du circuit, pourquoi l’équipe ne fait pas de bootcamps, et si Spirit a un problème de firepower.
« Comment on pourrait voir un problème, alors qu’on a gagné un Major sans bootcamp ? »
Cinq mois se sont écoulés en 2025. Quel bilan tu dresses jusqu’ici ?
Ça va, mais on peut faire bien mieux. Il reste six ou sept mois pour élever notre niveau et réussir notre année, donc tout est encore possible.
Vous avez tout de même gagné deux tournois. Tu es satisfait de ça ?
Je pense qu’on a remporté les deux trophées qu’on devait absolument gagner. Je n’ose même pas imaginer ce que ça aurait été si on avait perdu à Astana ou au BLAST Bounty.
J’étais convaincu qu’on pouvait en gagner d’autres, au moins les BLAST Lisbon, parce que je sentais qu’on était en forme et qu’on avait les moyens d’aller au bout. Il y en a peut-être d’autres aussi où on avait de réelles chances. Mais malheureusement, ça ne s’est pas concrétisé.
Vous ne perdez quasiment que contre Vitality, MOUZ ou Falcons. Tu penses que c’est juste lié à la dynamique des matchs, ou Spirit est un cran en dessous en ce moment ?
Je pense que toutes les équipes du monde seront d’accord avec moi : Vitality a une longueur d’avance sur tout le monde, ça ne fait aucun doute.
Mais honnêtement, c’est difficile à dire. On n’a affronté Falcons qu’une seule fois, et MOUZ, on les a joués plusieurs fois. À chaque fois, les matchs ont été accrochés. On a eu trois ou quatre balles de match dans plusieurs d’entre eux, mais on les a laissés revenir, et ils ont fini par l’emporter. Pour autant, je ne dirais pas qu’ils sont meilleurs que nous.
Concernant Falcons, il faudra qu’on les affronte plus souvent pour se faire une idée. Cette fois, on menait 12-10 sur Dust2, on aurait dû conclure, mais on a un peu merdé. Ils ont été meilleurs.
Crédit photo : © Stephanie Lindgren
Certains estiment que vous manquez peut-être de firepower par rapport à Vitality ou Falcons. Tu penses que c'est le cas ?
Concernant le firepower, c’est difficile à dire. Tout dépend de la forme de l’équipe.
Peut-être que oui, peut-être que non. Mais de manière générale, si tu joues bien et que tu ne fais pas d’erreurs en communication ou dans les prises de décision, le firepower n’a plus vraiment d’importance.
La différence de firepower entre deux joueurs ne se voit que dans les mauvaises situations : si un joueur avec un meilleur aim prend une mauvaise décision et que l’autre en face n’arrive pas à le punir, là oui, on peut parler d’un écart de firepower.
Mais si tu fais de la merde, tu ne peux de toute façon pas exprimer ta puissance de feu. Si tu fais des erreurs ou que tu prends des décisions stupides, tu ne montreras jamais 100 % de ton niveau.
En matière de forme et de tactique, beaucoup d’équipes règlent ça grâce à des bootcamps. Mais chopper a expliqué récemment que vous préfériez éviter ça pour ne pas vous lasser les uns des autres. C’est une approche qui surprend pas mal de monde. Qu’est-ce que t’en penses, toi ?
D’abord, je pense que ça ne regarde pas la communauté. Les experts et les mecs qui commentent peuvent dire ce qu’ils veulent, on s’en tape complètement.
C’est quelque chose de propre à chaque équipe. Certaines travaillent mieux en bootcamp parce qu’elles arrivent à rester plus concentrées. Mais nous, on s’entraîne bien mieux en ligne, depuis chez nous, que ce qu’on ferait en bootcamp.
Quand t’as tout le monde dans une même pièce, c’est bruyant, et ton énergie chute très vite. En ligne, ce n’est pas un problème : tu fais plus de praccs, plus de choses en équipe.
Comment est-ce qu’on pourrait voir ça comme un problème alors qu’on a gagné un Major sans faire de bootcamp ? C’est pareil pour tous nos titres. Ça n’a jamais été un souci, et ça ne l’est toujours pas. Je ne pense pas qu’une équipe qui joue ensemble depuis aussi longtemps que nous ait besoin de faire des bootcamps. On n’a pas besoin de faire du team building ou de s’habituer les uns aux autres. On passe beaucoup de temps ensemble et on parle de CS en permanence.
Imagine : on enchaîne un mois de tournois, tous ensemble dans une pièce pendant dix heures par jour, et derrière on partirait en bootcamp. C’est très dur, mentalement et émotionnellement. Et je pense que ce n’est pas quelque chose qu’on doit faire.
Si on sent qu’on en a besoin, on le fera. Mais pour l’instant, ce n’est pas le cas.
Crédit photo : © Stephanie Lindgren
Tu disais ne pas te soucier de ce que pense la communauté. À Astana, après ta victoire, on t’a demandé ce que tu pensais du public et tu as répondu que tu t’en fichais. Est-ce que c’est vraiment le cas ? Est-ce que ça ne te fait rien d’être acclamé ou sifflé ?
Oui, bien sûr, c’est plus agréable pour nous d’être applaudis en tant qu’équipe, c’est mieux que d’être sifflés.
Mais de manière générale, j’aime bien quand les gens applaudissent, et j’aime bien aussi quand ils sifflent.Ça rend les choses plus personnelles, t’as envie de leur faire fermer la bouche et de leur prouver que t’es bon à CS, même s’ils te sifflent.
Donc oui, j’aimerais que les gens nous soutiennent, mon équipe et moi, mais si ce n’est pas le cas, ça me va aussi. Je viens en tournoi pour montrer notre niveau de jeu, pour qu’on puisse s’exprimer. Ce qui m’intéresse, c’est la compétition, c’est tout.
Vous entrez dans le Major directement en stage 3. Est-ce que c’est un avantage, parce que vous avez moins de matchs à jouer, ou est-ce que c’est un inconvénient d’une certaine manière ?
Je pense que, pour le rythme de jeu, ce serait mieux de commencer plus tôt dans le tournoi. Mais c’est quand même un avantage, parce qu’on a une période où on peut rafraîchir notre jeu et bosser de nouvelles strats.
Pendant le stage 2, on pourra aussi observer nos futurs adversaires, voir ce qu’ils préparent, comment ils jouent, et adapter notre jeu en conséquence. De ce point de vue-là, c’est un vrai avantage.
Mais d’un autre côté, ceux qui ont déjà enchaîné plusieurs matchs auront plus de repères, plus de sensations. C’est là que ça peut être un inconvénient.
Au final, je pense qu’on est à l’aise avec ça. On a déjà joué des tournois où les autres avaient plus de matchs dans les jambes, donc ça ne nous pose pas de problème.
Quel sera pour vous le facteur clé pour répéter ce que vous avez accompli à Shanghai ?
Pour nous, la clé, c’est de réussir à évacuer le stress. On est sous pression depuis trois mois, ça fait trop. Il faut qu’on se détende.
Si on arrive à souffler un peu, à se reposer, à retrouver de la fraîcheur, dans nos têtes comme dans notre jeu, alors on pourra revenir au top.
Merci à BLAST.tv de nous avoir permis de traduire et diffuser cette interview. L’intégralité du contenu reste la propriété de BLAST.tv. Vous pouvez consulter la version originale de l’interview ici.